La santé mentale, impactée par notre santé bucco-dentaire ?

Quel lien peut-il exister entre une parodontite ou toute autre pathologie parodontale et notre santé mentale ? une récente étude lève le voile sur cette question et rappelle l’importance de la santé bucco-dentaire sur notre état de santé en général.

Les maladies parodontales, un « fléau » pour notre santé en général  

On estime qu’à travers le monde, 3.5 milliards de personnes souffrent de pathologies bucco-dentaires, parmi lesquelles les maladies parodontales. L’origine bactérienne de ces parodontites expliquent les efforts répétés des chirurgiens-dentistes pour insister sur l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire avec le brossage quotidien des dents. Cette inflammation des tissus de soutien des dents a des conséquences multiples à commencer par la fonction masticatoire, par la perte de dents (déchaussement dû à ces maladies parodontales) mais aussi par l’esthétique du sourire.

Mais la santé bucco-dentaire reste très en lien avec notre état de santé général. On connait depuis longtemps le risque de voir les bactéries, à l’origine de ces pathologies, passer dans le système sanguin et ainsi accroitre significativement la probabilité de troubles cardiovasculaires. Des études multiples soulignent les autres effets – et ils sont aussi nombreux que variés – que peuvent entrainer cette inflammation des gencives. Des chercheurs étudient ainsi le rapport de risque pouvant exister entre les maladies parodontales et l’infertilité chez la femme.

Enfin, on a pris conscience, depuis de nombreuses années, que les pathologies bucco-dentaires pouvaient influer sur notre humeur et notre niveau de stress. Des maladies parodontales peuvent conduire certains patients à refuser de sourire en public, conduisant à une forme d’exclusion sociale. Une bonne santé bucco-dentaire serait alors un facteur bénéfique à notre santé mentale.

Quand notre santé bucco-dentaire menace notre santé mentale ….

Dans une étude publiée dans le British Medical Journal Open, les chercheurs de l’Université de Birmingham ont ainsi mis en évidence les relations étroites liant ces maladies parodontales à notre état de santé mentale. Pour pouvoir comprendre et expliquer l’incidence de la parodontite sur l’apparition de troubles mentaux, les auteurs de l’étude ont analysé en détail les dossiers de près de 65.000 patients, concernés par cette maladie des tissus de soutien des dents. En comparant la santé mentale de ces patients à ceux, n’ayant pas connu de gingivite et de parodontite, l’étude pointe cette incidence significative. Notre santé bucco-dentaire n’est pas sans rapport avec l’apparition de troubles mentaux plus ou moins sévères, de la dépression à certaines maladies mentales graves, en passant par l’anxiété ou les phobies en tout genre.

Les patients ayant connu une maladie parodontale connaissent un risque de développer un trouble mental 37 % supérieur au reste de la population.

Le docteur   Dawit Zemedikun, co-auteur de l’étude, se félicite de cette avancée :

 « Notre étude est la plus complète de ce type et les résultats apportent des preuves qui, auparavant, manquaient de force ou présentaient des lacunes, sur l’association entre la mauvaise santé bucco-dentaire et la santé mentale »

Pour les auteurs de l’étude, ces conclusions doivent amener les chirurgiens-dentistes à renforcer leur devoir d’information et de prévention en détaillant les conséquences de ces maladies parodontales sur la santé en général. Mais elles doivent également inciter à réfléchir aux moyens à développer pour créer et/ou renforcer les relations et la communication existante entre les chirurgiens-dentistes d’une part et les autres professionnels de santé d’autre part.