Pourquoi les chirurgiens-dentistes formés à l’étranger sont devenus majoritaires ?

En 2022, la France a enregistré plus de professionnels ayant obtenu leur diplôme dans un autre pays de l’Union européenne que de chirurgiens-dentistes issus des facultés d’odontologie de l’Hexagone. Un constat qui met en lumière une politique de santé conduite depuis des décennies ? Est-ce un problème à prendre en compte ?

 

 

Le nombre de chirurgiens-dentistes en France reste insuffisant !

 

En matière de santé bucco-dentaire, la question récurrente du moment se concentre autour des déserts médicaux. De nombreux patients éprouvent les pires difficultés pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste dans des délais raisonnables. Cela a conduit les autorités publiques à supprimer l’ancien numerus clausus pour augmenter de façon significative le nombre de jeunes diplômés du titre de docteur en chirurgie dentaire. Tous les acteurs savent, que les premiers effets de ces mesures ne se feront sentir que dans quelques années, et certains alertent déjà sur l’insuffisance des mesures prises.

N’est-ce pas dans la même optique que les autorités publiques ont créé la nouvelle fonction d’assistante dentaire de niveau 2 ? Ces dernières ne sont-elles pas destinées à libérer du temps utile pour les chirurgiens-dentistes déjà en exercice ? Pourtant, la situation se dégrade dans de nombreux territoires de France. Sur certains de ces territoires, les patients doivent attendre plusieurs mois pour pouvoir obtenir un rendez-vous auprès d’un chirurgien-dentiste. Dans d’autres, la mission semble même être devenue impossible, puisque de nombreux professionnels reconnaissent qu’ils ne peuvent plus  accepter de nouveaux patients ? La question se pose donc avec de plus en plus d’importance : la France est-elle en mesure de former suffisamment de dentistes pour répondre à la demande ?

 

Les chirurgiens-dentistes en France sont-ils formés à l’étranger ?

 

Bien que ces tensions autour de ces métiers du soin soient perceptibles dans tous les autres pays d’Europe, force est de constater que le nombre de chirurgiens-dentistes par habitant en France est inférieur à la moyenne des autres pays européens. C’est pourquoi, lee ministère de la santé a du trouver des solutions dont les effets sont rapides à faire sentir. Accueillir des chirurgiens-dentistes formés en Europe et leur permettre d’exercer en France constitue donc une voie, que le gouvernement français suit depuis plusieurs années.

Le phénomène s’accélère année après année. Ainsi, pour la première fois, le nombre de nouveaux professionnels ayant obtenu un diplôme hors de France aura été supérieur à celui des chirurgiens-dentistes avec le titre français. C’est ce qu’a confirmé l’ordre national des chirurgiens-dentistes pour l’année 2022. Sur les 1313 professionnels nouvellement enregistrés, 687 provenaient d’un autre pays de l’Union Européenne. (Ils étaient moins de 33 % en 2015). Il ne s’agit pas exclusivement de chirurgiens-dentistes étrangers, puisqu’une grande partie de ces nouveaux professionnels sont des étudiants français, partis à l’étranger après avoir échoué à intégrer le système français. Ce constat n’est que la conséquence d’une politique menée depuis des années voire des décennies comme l’explique Dr Philippe Pommarède, président du conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes :

« Les gouvernements successifs des années 1970 et 1980 ont pensé que, pour réduire les couts de la santé, il fallait réduire l’offre de soins et donc le nombre de praticiens susceptibles de les prodiguer »

 

Bien que certains observateurs soulignent la disparité des formations proposées dans les autres pays européens, la question interroge surtout quant à l’avenir de notre système de santé. La France réussira-t-elle à inverser la tendance et à (re)devenir un acteur reconnu quant à la formation des soignants en général et à celle des chirurgiens-dentistes en particulier ?

 

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