L’origine sociale des patients peut-elle expliquer une meilleure ou une moins bonne santé bucco-dentaire. La question est ancienne, et une récente étude internationale fait le point sur ces éventuelles relations.
L’origine sociale, un facteur impactant pour la santé dentaire ?
Qu’il s’agisse de santé en général ou de santé bucco-dentaire en particulier, l’organisation du système de santé publique en France repose sur plusieurs principes, dont celui de l’égalité. En d’autres termes, tout patient a droit à la même qualité de soins quand il prend rendez-vous chez son dentiste ou chez un autre professionnel de santé. Cela n’empêche pas certains de dénoncer une « santé à deux vitesses ».
Pourtant, si tous les pays louent l’organisation de la santé publique en France, ils saluent également les efforts perpétuels pour lutter contre les inégalités notamment économiques. Ainsi, le 100 % Santé (dispositif consistant à réduire voire à supprimer le reste à charge pour les patients) est applicable depuis plusieurs mois pour plusieurs domaines, dont les soins bucco-dentaires. Ce nouveau dispositif a été adopté pour limiter le renoncement aux soins pour des raisons économiques, et visait principalement, en ce qui concerne les chirurgiens-dentistes, les soins prothétiques.
Aujourd’hui, l’égalité de toutes et tous face à l’accès aux soins reste une valeur fondamentale de notre système de santé. Pour autant, une même interrogation revient de manière récurrente : la catégorie sociale constitue-t-elle un facteur aggravant ? Est-on tous égaux quand il s’agit de santé bucco-dentaire ?
Des résultats surprenants pour la santé bucco-dentaire
Ce sont à ces questions qu’ont voulu répondre les auteurs de l’étude publiée, en décembre, dans les colonnes du Journal of Dentistry. Il s’agissait alors de présenter les résultats d’une méta-analyse consistant à étudier le lien pouvant exister entre la catégorie socio-économique des patients et le niveau d’usure des dents. Les auteurs (australiens et singapouriens) ont donc décortiqué les résultats de 65 recherches, réalisées dans 30 pays et concernant plus de 63.000 patients, âgés entre 6 et 79 ans. Les résultats de cette analyse réalisée pour l’université Griffith (Australie) ont pu en surprendre plus d’un.
Alors qu’on aurait pu croire que les enfants des classes sociales les moins aisées pâtissaient d’un risque accru en termes de santé bucco-dentaire, l’analyse a prouvé l’inverse. Les adolescents, fréquentant une école privée et dont les parents ont une éducation et une rémunération supérieure à la moyenne, ont davantage de caries et connaissent une santé bucco-dentaire plus fragile que les autres. Pour expliquer ce constat, Khaled Ahmed, chercheur en dentisterie, explique que cela résulte d’une surconsommation de « boissons énergisantes, de boissons gazeuses et de jus conditionnés ». Plus corrosives, ces boissons, auxquelles tous les adolescents n’ont pas accès, expliqueraient donc cette usure anormale des dents.
En revanche la même étude souligne que dans la population adulte, les patients à l’éducation et au niveau de rémunération supérieur à la moyenne peuvent se féliciter d’une meilleure santé bucco-dentaire que la moyenne. Pour le chercheur en dentisterie, cela s’expliquerait par une connaissance suffisante (importance de la santé bucco-dentaire en général et des soins quotidiens en particulier) mais aussi par un plus grand accès aux soins.
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