La santé 2.0, menace ou opportunité pour prendre soin de nos dents ?

Notre quotidien est imprégné des innovations numériques et des nouveaux outils innovants qui apparaissent chaque jour. Si ces évolutions peuvent répondre à certaines de nos attentes, elles doivent aussi être utilisées à bon escient pour ne pas mettre plus en danger notre système de soins.

Les outils numériques pour renforcer la santé bucco-dentaire de chacun

En quelques années, les outils innovants ont profondément transformé nos tâches au quotidien, et ce dans tous les domaines. Pour tout ce qui concerne notre santé en général et notre santé bucco-dentaire en particulier, ces outils nés de la digitalisation de nos sociétés permettent aujourd’hui à chacune et à chacun d’optimiser son parcours de soins. Les plateformes de prise de rendez-vous auprès d’un chirurgien-dentiste offrent la possibilité de consulter les disponibilités de (presque) tous les cabinets dentaires d’une ville, d’un village ou d’un quartier. Quelques clics suffisent pour obtenir les coordonnées du chirurgien-dentiste le plus proche de son domicile.

Même le suivi des soins est désormais digitalisé, puisque tout patient dispose aujourd’hui de son propre espace de santé en ligne. Grâce à Mon Espace Santé, nous pouvons tous gérer notre parcours de soins, autoriser ou non les professionnels de santé à accéder à nos données confidentielles et même échanger avec ces soignants à travers une messagerie électronique de santé. Au-delà de ces changements, les innovations tant techniques que technologiques ont également fait évoluer la pratique des chirurgiens-dentistes eux-mêmes. Si cette santé 2.0 répond à de nombreuses attentes des patients comme des soignants, elle n’en est pas moins menaçante pour certains aspects de ces parcours de soins.

La santé 2.0, une menace de déresponsabilisation des patients ?

La transformation numérique de notre quotidien offre ainsi l’illusion que nous pouvons tous obtenir la réponse à un problème de santé donné. Les Internautes obtiennent, en quelques secondes, les conseils pour renforcer leur santé bucco-dentaire ou pour retrouver des dents ultra-blanches. Toutes ces informations ne proviennent pas toujours d’un professionnel de santé, et certains conseils peuvent même s’avérer comme dangereux. On peut se souvenir des mises en garde des chirurgiens-dentistes face à de tels informations. Certains produits conseillés pour le blanchiment des dents représentent ainsi une véritable menace pour l’émail de nos dents. Et que dire des conseils sur les réseaux sociaux (et donc destinés aux plus jeunes) pour apprendre à se « limer les dents » ? Comme tous les professionnels de santé, les chirurgiens-dentistes alertent leurs patients en leur rappelant que la santé ne doit pas relever d’une « consommation » mais bien d’un véritable parcours, que seul des professionnels dûment formés et qualifiés peuvent prendre en charge. Les outils numériques peuvent apporter un éclairage particulier, compléter une information d’un professionnel, répondre à une question très spécifique, mais ils ne doivent et ne peuvent pas remplacer la consultation d’un professionnel de santé.

Cette « marchandisation de la santé », souvent dénoncée par les ordres professionnels eux-mêmes, a un autre effet pervers. Puisqu’il est devenu si « facile » de prendre rendez-vous auprès d’un chirurgien-dentiste ou de tout autre soignant, le « nomadisme médical » progresse. Combien de rendez-vous sont pris auprès d’un cabinet dentaire avant qu’un autre ne soit décidé pour le remplacer au simple prétexte que la date est plus précoce ou que le cabinet dentaire est plus proche ? Et en considérant la santé comme un « bien de consommation », de nombreux patients oublient alors de prévenir le premier chirurgien-dentiste contacté, aggravant alors le fléau que représentent les rendez-vous non honorés.

Le numérique offre donc bien d’innombrables opportunités en matière de santé, même si les patients doivent accepter que les professionnels de santé doivent en rester les principaux acteurs.